Mado Lamotte, la garce du Québec

Les 26 et 27 avril 2016, la bitch joyeuse reviendra au 20e Théâtre, nous proposer son menu best of… Mado. Chansons revisitées, commentaires aiguisés sur l’actualité, ce sont surtout...

Les 26 et 27 avril 2016, la bitch joyeuse reviendra au 20e Théâtre, nous proposer son menu best of… Mado. Chansons revisitées, commentaires aiguisés sur l’actualité, ce sont surtout son franc- parler québécois, son don pour l’improvisation et sa répartie qui seront ses principaux atouts pour conquérir votre coeur !

Mais comment Mado a-t-elle conquis la France ?

Capture d’écran 2016-04-23 à 10.13.23C’est l’histoire d’un coup de foudre. 2001, la télé-réalité débarque sur le petit écran. Tel Maître Vitalis, Mme Hervé rêve de monter un jour sa propre école de jeunes travelotes, la Folle Académie. Elle part régulièrement s’inspirer dans de lointaines contrées. C’est ainsi que notre globe-trotteuse parisienne débarque un jour au Sky Building de Montréal.

« J’ai de suite été scotchée par sa verve, l’ambiance sympathique et la drôlerie du show présenté. Une vraie garce qui n’arrêtait pas de se moquer des maudits Français et qui, derrière son côté clown, défendait pas mal d’idées qui me plaisaient bien. »

La Taulière aime les parodies follement caramélisées et impertinentes. Impressionnée, elle n’ose lui écrire qu’à son retour à Paris.

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« Elle est littéralement tombée sous mon charme. Elle a du goût la Taulière ! De retour à Paris, elle m’a contacté par courriel (Facebook n’existait même pas à l’époque) me demandant si j’étais intéressée de venir jouer à Paris.»Oh que oui», je lui ai répondu.

Lors de ce premier spectacle en avril 2002 je fus tout de suite conquise par le public français : enfin un public discipliné qui écoutait le moindre de mes respires, j’étais

charmée. Depuis ce premier spectacle, je suis revenue chaque année et croyez-moi, je ne manquerai pas ce rendez-vous annuel que j’anticipe 6 mois à l’avance. »

Enfin un vrai théâtre pour 2016… est-ce un acte militant que de mettre votre talent au service de cette institution menacée de fermeture ?
« Je serais bien triste de voir fermer ce théâtre mythique du 20e. J’y ai vu quelques spectacles lors de mes séjours à Paris dont la désopilante Madame Raymonde que j’adore. Pour moi c’est une occasion unique et un rêve qui se réalise de jouer dans un vrai théâtre parisien. Pas que je n’aime pas le Tango, au contraire c’est ma deuxième maison après mon cabaret à Montréal, mais avoir la chance de jouer sur une grande scène est une chance inouïe et une récompense méritée après 14 années de loyaux services en sol français. »

Derrière le masque, Luc Provost, acteur… et militant.

Depuis 28 ans derrière ce personnage se cache un joli garçon, discret et réservé à la ville, quand il accompagne Hervé en soirée. C’est à l’écrit ou derrière son maquillage qu’il se lâche le plus. On ne peut que sentir une grande fragilité derrière tant d’empathie et de lucidité bienveillante. C’est une bombe à retardement : il observe, note et c’est à coups d’éclats de rires qu’il nous fait tomber dans ses filets. Militant gay, il enchaîne les galas contre le sida et l’homophobie. Mado, c’est la Framboise du Village, le Marais montréalais où elle tient depuis 2002 son propre cabaret qui ne désemplit pas. Chroniqueuse de presse, commentatrice officielle de la Pride à la télévision canadienne, Mado anime un spectacle de drag-queens devant plus de 10 000 personnes lors du festival Divers Cité.

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Un spectacle sans cesse renouvelé

Mado, c’est Shéhérazade à la sérénade, on ne se lasse ni de ses histoires, ni de ses chansons. C’est une conteuse et une ensorceleuse. Derrière ses mésaventures parisiennes, elle nous apprend à rire de nous-mêmes. Tout y passe : nos manies culturelles, nos chanteuses importées du Québec… C’est aussi une grande passionnée de notre langue et des subtilités de traduction entre nos expressions cousines !

Une Fraternité de travelotes francophones internationales

« J’ai beaucoup d’amis à Paris et Bruxelles et ce furent des moments pénibles à traverser, surtout quand on est si loin des gens qu’on aimerait réconforter. » S’il est un trio de choc, ce sont bien nos trois drôles de dames au grand coeur : Mme Hervé de Paris, Mado Lamotte de Montréal et La Diva Live de Bruxelles. L’année écoulée a été forte en émotions dans l’actualité, mais Mado a fait déjà fait ses choix de revues de presse. « Il n’y aura pas de terroristes dans mes têtes de turc, que de la chanteuse ringarde et quelques politiciens incompétents que j’écorcherai au passage. »

A Paris, les LGBT multiplient les soirées cabarets. Qu’en est-il chez vous ?
« La mode des drags queens n’est pas prête de s’essouffler. Partout dans le monde il y a un engouement pour notre art. Que ce soit à la télé avec la Ru Paul’s Drag Race ou à Las Vegas dans les revues de Frank Marino, ou encore dans mon cabaret à Montréal, nous sommes partout. N’en déplaise aux durs à cuire qui nous détestent, les spectacles de drags queens sont indispensables en ces temps maussades où les gens ont besoin de rire et de se divertir. »

La Bitch du Québec, c’est un peu la fille cachée de Gavroche et de Piaf, et c’est pour ça qu’on l’aime. Elle joue à guichets fermés à chacun de ses passages. En 2016, elle relève le challenge de remplir une salle encore plus grande. Pittoresque, parisien et intemporel, l’esprit du cabaret revient en force.

*Pour lire l’histoire de la Diva Live, rendez-vous dans Garçon Magazine n°3 d’avril-mai 2016. Sortie en kiosques depuis n mars.

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