« Rara » : L’homo-parentalité (enfin) au cinéma !

Coup d’essai, coup de maître. « Rara », premier film de la chilienne Pepa San Martin, sort en salle mercredi prochain (21 juin). Couronné du Grand Prix du Jury à la...

Coup d’essai, coup de maître. « Rara », premier film de la chilienne Pepa San Martin, sort en salle mercredi prochain (21 juin). Couronné du Grand Prix du Jury à la Berlinale 2016, il traite d’un thème encore peu exploité : les aléas de l’homo-parentalité. Gros plan(-séquence) sur un chef-d’oeuvre aussi juste que sensible.

 

De prime abord, 5 ans de travail pour 86 minutes de pellicule, c’est long. Mais au regard d’un film qui touche de si près l’universel, ce devait être bien nécessaire. Inspirée par l’affaire de la juge Atala, c’est surtout le manque de réaction parmi son entourage qui semble avoir incité Pepa San Martin à en faire son premier long-métrage.

 

 

Rara (Actrice: Julia Lübbert)

 

Alors que le format documentaire a d’abord été envisagé, la réalisatrice lui a préféré la fiction. Ce choix de questionner l’homo-parentalité par une parabole intimiste nous paraît extrêmement judicieux, car si l’émotion prime sur l’information, cette proximité avec les personnages donne à voir un débat plutôt qu’un plaidoyer.

C’est au travers des yeux de la fille ainée Sara que la réalisatrice interroge plus que n’affirme. Pré-adolescente de 12 ans, son âge charnière permet de mieux saisir les différentes facettes de cette situation marginale, sinon marginalisée. Tiraillée entre l’innocence de la soeur cadette Cata et les préjugés des adultes, Sara donne naissance au doute et donc au débat de société.
 

SARA DONNE NAISSANCE AU DOUTE ET DONC AU DÉBAT DE SOCIÉTÉ.

 

Force est de reconnaitre que la caméra de « Rara » évite avec brio les écueils habituels de ce thème. Préférant au pathos le réel, une pureté insolite émane de cette oeuvre. Elle souligne la difficulté de se soustraire aux carcans sociaux des siècles passés.

 

 

Rara et Cata (Actrices de gauche à droite): Julia Lübbert, Emilia Ossandón

 

 

Par ce biais, San Martin parvient dès lors à questionner la condition féminine toute entière. Les deux mères et les deux filles représentent l’affranchissement possible du joug masculin. Tour à tour amusantes et émouvantes, les femmes de ce film incarnent la longue marche vers la parité qui traverse le film. Tandis que les personnages masculins jugent hâtivement le couple de femmes, la réalisatrice souligne sans manichéisme la violence sous-jacente qu’implique la liberté.
 

LES DEUX MÈRES ET LES DEUX FILLES REPRÉSENTENT L’AFFRANCHISSEMENT POSSIBLE DU JOUG MASCULIN. 

 

« Rara » redéfinit à la fois le féminisme et la féminité. Éloigné de toute bien-pensance égalitariste, ce film multi-récompensé fait reconnaitre la différence structurelle de ces familles sans pour autant les étiqueter. Nous rappelant que nul rapport parent-enfant n’est parfait,  la tendresse infinie frappe dans le mille. Et par des images simples du quotidien, on finit d’ailleurs par en oublier cette différence à l’origine du drame.

 

Les mères (Actrices de gauche à droite : Coca Guazzini, Agustina Muñoz, Mariana Loyola)

 

Bien que le Chili n’autorise qu’une « union civile » pour les couples de même sexe (distincte donc du mariage), il rejette la légalisation de l’adoption pour ces derniers. Or par ce film, force est d’admettre que la lutte pour l’égalité ne connaît pas de frontières. On ne peut que s’identifier à ce que traverse le couple de protagonistes.
 

PAR CE FILM, FORCE EST D’ADMETTRE QUE LA LUTTE POUR L’ÉGALITÉ NE CONNAÎT PAS DE FRONTIÈRES. 

 

Alors si vous ne pouvez assister à l’avant-première française tenue au festival Ciné-Friendly ce week-end, n’hésitez pas à réserver vos places pour ce « Kramer contre Kramer » des temps modernes.

 

 

Culture
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