LA FAMILLE DE LADY CARBONE

CRÉATURES

Une silhouette longiligne, des jambes sveltes et allègres, cette drag-queen reconnue promène ses chapeaux, ses corsets et sa barbe pailletée dans de nombreuses soirées gays parisiennes, à l’instar de L’Apéro des Garçons où elle vous accueille avec le sourire… et quelques punchlines bien senties. Depuis le 20 octobre, elle est aussi la « drag mother » d’une famille à son image, glamour, hétéroclite et résolument queer !

IL Y A QUELQUES ANNÉES, ON TE CONNAISSAIT SOUS LES TRAITS DE VICTORIA/VICTOR. APRÈS AVOIR « TUÉ » TON PERSONNAGE, TU AS DONNÉ NAISSANCE, IL Y A QUATRE ANS, À LADY CARBONE. COMMENT LA DÉCRIRAIS-TU ?
Les premiers adjectifs qui me viennent à l’esprit sont : couture, chic et raffinée. Plus qu’un homme ou qu’une femme, je dirais que Lady Carbone est une créature de la nuit bienveillante et hyperlibre, car il ne faut pas oublier qu’elle reste un personnage totalement fictif avec une vie sans emmerde, qui n’a pas à compter ses amants et qui peut faire ce qu’elle veut ! Victoria Beckham m’a également beaucoup inspiré. Si j’avais été une femme, j’aurais été encore plus garce qu’elle [rire] !

IL Y A UN MOIS, TU AS ANNONCÉ OFFICIELLEMENT LA CRÉATION DE LA « FAMILLE CARBONE ». PEUX-TU NOUS EN DIRE PLUS SUR CE PHÉNOMÈNE GRANDISSANT DES MAISONS DE DRAG-QUEENS ?
C’est un mouvement assez récent, qui est arrivé en France il y a environ quatre ans, et découle du voguing. Son but: transmettre la culture drag entre « mère » et « filles », mais aussi de créer des groupes qui peuvent performer ensemble lors de soirées, de festivals ou de Pride. Chaque maison a sa signature. En France, il y a la Maison Chérie de Enza Fragola, la Haus of Morue de Meduza et Le Filip…

« Je veux que mes filles soient classes et accessibles ! »

TU PRÉFÈRES UTILISER LE TERME DE « FAMILLE » PLUTÔT QUE DE « MAISON », POURQUOI ?

C’était important par rapport à la genèse de mon personnage. Lady Carbone est née le 29 juin 2014, un soir de Gay Pride. Hasard ou coïncidence, c’est le week-end où ma mère est décédée. Du coup, être « drag mother » prend beaucoup de sens pour moi. C’est un peu comme une continuité où c’est désormais à moi de chaperonner et de m’occuper de mes filles. L’autre particularité c’est que, contrairement à d’autres maisons, il n’y a pas que des drag-queens dans notre famille, on y trouve également des figures de la communauté fetish.

JUSTEMENT, PEUX-TU NOUS EN PRÉSENTER LES DIFFÉRENTS MEMBRES ?

Nous sommes neuf. Ma première fille, c’est Kyssy Bang Bang. On a fait la Gay Pride d’Amsterdam, ensemble, en 2017. Je lui ai donné deux ou trois conseils et, une fois qu’il a eu fini de se préparer, j’ai sorti : « Maman est fière de toi ! » et c’est là que tout a commencé. Puis, sont arrivées mes deux autres filles permanentes : Martine McFly et La Chute, la petite dernière recrutée par Kyssy. J’ai aussi deux filles secondaires : Eva Porée et Arielle Tombale. Eva est en couple avec Molly Dick Mon Amour, ma belle-fille. Peu de maisons ont un couple de drags ! Enfin, il y a Oreo, le « puppy » de Kyssy, sans oublier Opéra, ma panthère, une vraie femme adepte du vinyle, du latex et du cuir.

« Contrairement à d’autres maisons, il n’y a pas que des drag-queens dans notre famille »

POUR L’OCCASION VOUS AVEZ MÊME CRÉÉ UN LOGO…

Oui, c’est un picto à mon effigie. On retrouve la barbe, les faux cils, le sourcil à la Cruella d’Enfer et le chapeau. Les membres de la famille peuvent communiquer avec ce logo que l’on retrouvera aussi sur l’ensemble de nos photos.

EN TANT QUE BONNE « DRAG MOTHER », QUELLE ÉDUCATION LEUR DONNES-TU ?
Avant tout, je veux qu’elles soient classes ! Il est hors de question qu’elles sortent avec un maquillage dégueulasse ou avec une tenue trouée. Je préfère qu’on perde les cinq minutes qu’il faut pour mettre un coup de liner supplémentaire ! Il faut aussi que la famille soit accessible. Nous ne sommes pas là pour faire des shows mais pour mettre de l’ambiance, accueillir les gens, faire des selfies avec ceuxqui le souhaitent. Il ne faut pas oublier que la famille Carbone, c’est une bande de potes qui est là pour se fendre la gueule. Personne n’y joue sa vie, son destin ou des millions. Nous n’avons pas la prétention de dire que nous sommes LA famille incontournable ou que la soirée ne sera réussie que si nous sommes tous là. Par contre, quand on sort, les gens savent qu’on est là car on le fait bien.

QUELS SONT LES MOMENTS QUE TU PRÉFÈRES QUAND TU ES AVEC ELLES ?

Les préparatifs à la maison, quand presque tout le monde est là et que mon appartement se transforme en loge de théâtre gigantesque, avec des costumes partout. Ces instants de cohésion sont vraiment extraordinaires. La sortie en elle-même deviendrait presque accessoire!

« J’aimerais qu’il y ait un rapprochement entre la communauté drag et le milieu fetish »

QUELS SONT VOS PROJETS?

J’aimerais qu’il y ait un rapprochement entre la communauté drag et le milieu fetish, qui est beaucoup plus ouvert qu’on l’imagine. On peut y trouver de véritables synergies. Faire un apéro commun à La Mine, j’adorerais ! D’ailleurs, je te donne une exclu : nous préparons une caravane « drag fetish », pour la Marche des fiertés de Paris, où nous déclinerons les différents fétichismes en fonction de nos personnalités.

Y A-T-IL AUSSI UNE DIMENSION MILITANTE DANS LA CRÉATION DE CETTE FAMILLE ?

Oui. Le fait même de sortir en drag et d’arpenter les rues à pieds est un acte militant en soi. Et, dès qu’on le peut, il y a au moins la moitié de la famille qui se rend aux rassemblements ou aux manifs pour les luttes contre l’homophobie, la transphobie, la biphobie… D’autres se sont battus avant nous pour réussir à faire ce que l’on fait aujourd’hui. À nous de nous battre, aujourd’hui, pour que cela perdure.

 

 

 

 

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