Backrooms, plongée dans ces salles obscures parisiennes

Loin des applis de rencontre, les backrooms de Paris restent encore un succès au sein de la communauté LGBT+. Pourquoi cette popularité perdure à Paris ? Qweek a décidé...

Loin des applis de rencontre, les backrooms de Paris restent encore un succès au sein de la communauté LGBT+. Pourquoi cette popularité perdure à Paris ? Qweek a décidé d’enquêter sur ces lieux, chargés d’histoire.

Arrière-salles en Français, les backrooms arrivent à Paris au début des années 1970, en réaction à la libération des mœurs. Directement importé des Etats-Unis par « le roi de la nuit de Saint-Germain », Gérald Nanty, la première salle obscure est introduite au cœur de la rue Sainte-Anne en 1972. Avec Le Bronx, le ton est rapidement donné : le client ne s’y rend pas simplement pour boire un verre mais pour « consommer du sexe ». Rapidement, le concept se popularise dans les bars, cruising bars et saunas de l’époque.

Au milieu des années 1970, Paris devient le premier bordel homo en France et dans le monde. Les introductions de backrooms s’enchaînent dans les établissements de la capitale, certains, et certains seulement, étant interdits aux femmes : Le Colony, le Trap, le Keller ou encore le Sept, cosmopolite et mondain. A l’intérieur de ces lieux nocturnes, la diffusion possible de films pornos sur des écrans met l’eau à la bouche des occupants, qui se glissent rapidement dans la pénombre pour passer à l’acte.

A lire aussi : Les Pissotières

Des personnalités fréquentent ces salles obscures d’un nouveau genre, parmi Iggy Pop, Michel Foucault, Rudolf Noureev et même Andy Warhol. Les pratiques deviennent plus permissives, allant des simples pénétrations aux golden-showers. Les habitués restent parfois enfermés dans ces établissements clos une semaine entière sans en sortir. A tel point que les médias placent ces les histoires des backrooms, qui dépassent l’entendement, au rang de légende.

Vers un tournant …

Dans les années 1980, les rapports sexuels non-protégés (barebacking) favorisent une importante épidémie du VIH/SIDA. Les établissements à cul ferment un à un, à travers le monde. Seule la France fait de la résistance et conservent ses salles obscures. « La France n’a pas immédiatement pris conscience des risques liés à cette nouvelle maladie. Il y’a eu une certaine « innocence », en témoigne l’affaire du sang contaminé », confie Jean-Pierre Constant, conférencier et expert des circuits insolites de Paris. Face à ce fléau, les établissements misent sur des démarches de prévention. Des traitements pour limiter les risques de contamination au virus du SIDA se mettent en place. Une nouvelle forme de protection se démocratise, la PreP., qui accompagne, ou non, l’incontournable préservatif.

Aujourd’hui, les backrooms restent encore très fréquentées dans les établissements à cul de Paris : Sun City, Le Dépôt, Euromen’s Club, le Bunker, IDM Sauna, le Key West ou encore le Keller réaménagé. Les vétérans continuent à perpétuer l’histoire de ces lieux auprès des jeunes générations. « L’émergence des arrière-salles dans les bars et cruising bars récents [43 salles obscures au début des années 2000] est le facteur principal de son maintien, mais ils ne concurrencent plus les tradtionnels « cinés porno », à l’exception notable de L’Atlas, à Pigalle. », explique l’historien. Les pratiques se diversifient, deviennent plus extrêmes et plus sexualisées. En 2016, Olivier Ducastel et Jacques Martineau rendent hommage aux backrooms dans Théo et Hugo dans le même bateau. Et, les salles obscures ne sont pas encore prêts de disparaître …

histoire

href="https://www.pride.be/fr" target="_blank">

Vous serez intéressé par :

  • Ciné puissance Films X

    Le cinéma est un domaine où le sexe n’a jamais été l’apanage d’un cercle. Pourtant, très tôt dans son histoire, des films X ont été conçus pour les hommes...
  • Pratique : La Momification

    Le terme de momification apparaît pour la première fois durant l’Antiquité. En écho au culte voué au dieu de la mort, Anubis, on recouvrait les pharaons de bandages sur...
  • KéZaKo ? Cockrings

    Cockring en anglais, l’anneau pénien se place à la base du sexe masculin, au repos ou en semi-érection, des testicules et/ou du scrotum. Le sex-toy renforce alors le plaisir...
  • Les Pissotières

    A leur arrivée en 1834 à Paris, les pissotières ont rendu la ville plus propre et plus saine. Adressée uniquement aux hommes, elle se popularise rapidement. 4000 toilettes sont...