Ludovic-Mohamed Zahed

Personnalité inspirante : Ludovic-Mohamed Zahed, fondateur de CALEM.

Imam, gay et séropositif. Depuis le lancement de CALEM, en 2012, Ludovic-Mohamed Zahed suit, accompagne et forme la communauté LGBTQI+ dans leur mobilisation. Jusqu’à aujourd’hui, l’homme religieux n’a eu...
Ludovic-Mohamed Zahed

Imam, gay et séropositif. Depuis le lancement de CALEM, en 2012, Ludovic-Mohamed Zahed suit, accompagne et forme la communauté LGBTQI+ dans leur mobilisation. Jusqu’à aujourd’hui, l’homme religieux n’a eu de cesse de porter l’intersectionnalité au cœur de ses initiatives. Entretien. 

En quelques mots, qu’est-ce que CALEM, Ludovic-Mohamed Zahed ?

CALEM est un institut de recherche, de publication, de formation et d’accueil. Tout ce qu’on fait est en partenariat avec les associations à Marseille. On forme à l’intersectionnalité, à la professionnalisation, à l’inclusion. Nous leur mettons également les salles de formations, la bibliothèque, l’espace extérieur de notre fondation à disposition. 

Comment définissez-vous votre rôle au sein de votre fondation ?

C’est un parcours qui est guidé par la recherche de la paix intérieure et de la concorde communautaire et citoyenne au sens large. 

Pendant la Pride Week à Marseille, vous avez animé de nombreux événements, en particulier autour de l’intersectionnalité. Quels ont été les retours ?

Les critiques ont été dithyrambiques. Nos partenaires de la Pride et Manifesta et ceux du réseau CALEM local ont été impressionnés par tout ce qu’on a pu produire. Après, ce n’est pas tant des réponses qu’on donne, mais des outils de formation, de réflexion, d’action qu’on élabore ensemble ou qu’on se transmet. 

C’est sûrement ça qui a été stupéfiant pour ceux qui n’ont pas été assez formés à l’intersectionnalité. Pour nous, c’est la voie à suivre pour toute forme d’engagement ou de militantisme à venir.

L’intersectionnalité semble être une théorie nouvelle dans le spectre LGBTQI+. Pour autant, la communauté y est-elle sensible ? 

C’est un terme très récent mais dans la pratique, il y a de plus en plus de soif d’intersectionnalité, de ne pas rester qu’entre personnes LGBTQI+. On ressent beaucoup ce besoin de s’ouvrir sur d’autres perspectives pour apprendre des autres, d’enseigner aux autres, de transmettre, notre façon dont nous luttons contre les discriminations LGBTQI+ et toutes les discriminations quelles qu’elles soient.

Pourtant, des zones d’ombre demeurent … ?

Ca avance dans le bon sens, disons. Il y a plein de raisons de se réjouir. Aujourd’hui, la difficulté des minorités les moins visibles est en train de basculer vers une conscience collective du fait que nous faisons tous partie de minorités. Chacun vient avec des identités ou des facettes identitaires diverses. Il faut prendre en compte cet aspect-là de nos identités pour construire des sociétés plus égalitaires et plus justes, à l’avenir. 

Il y a encore une petite disparité à Marseille et dans plein de villes en France qui a basculé au profit de majorités bien plus ouvertes que les précédentes sur ces questions-là, intersectionnelles : liberté, égalité, justice. Mais, oui. Il reste évidemment des zones d’ombre qui nous concernent tous : la question de l’homophobie de certaines autorités religieuses qui sont plus discrètes, notamment sur les thérapies de conversion. 

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Dans la communauté LGBT, il y a encore beaucoup de personnes qui sont aux extrêmes de l’échiquier politique. Ils sont dans une forme d’homo-nationalisme. Néanmoins, ces minorités commencent à se réduire comme peau de chagrin. Car, cela devient de plus en plus clair que ce n’est pas une solution pour la majorité de la population.

Conséquence de tout cela, l’intersectionnalité est-elle une approche qui vous tient à cœur ?

C’est toute ma vie et c’est ce que je vis au quotidien. Le fait de pouvoir assumer son islamité, son homosexualité, son arabité, sa séropositivité, m’a toujours parlé et guidé mon engagement, mes études et mes enseignements. Et, je suis heureux de voir que ça pose de moins en moins de problèmes au sein de la communauté LGBTQI+ et musulmane. 

Les personnes comprennent très rapidement que ce n’est pas un problème ultra minoritaire mais sociétal, global. La façon dont on traite les minorités, notamment moins visibles et plus discriminées, en dit ainsi long sur la manière dont la société s’organise et se représente les questions d’éthique, de justice et d’égalité.

Plus d’infos : 

Retrouvez l’intégralité des activités de CALEM, fondé par Ludovic-Mohamed Zahed, sur leur site web

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