AIDES : Aurélien Beaucamp, activiste et ancien président

Depuis plus de 10 ans, Aurélien Beaucamp œuvre en faveur de la santé sexuelle pour tou.te.s au sein de AIDES, à Paris. Militant puis président, le trentenaire a su...

Depuis plus de 10 ans, Aurélien Beaucamp œuvre en faveur de la santé sexuelle pour tou.te.s au sein de AIDES, à Paris. Militant puis président, le trentenaire a su élever la notoriété de l’association grâce aux moyens de communication et aux actions de terrain. Aujourd’hui, il assure la passation avec la nouvelle présidente, Camille Spire. Une initiative qui lui permet de faire un petit bilan sur son engagement. 

Avez-vous toujours su que vous seriez un activiste LGBT ?

Non, pas du tout. Mon investissement pour cette cause et cette communauté est davantage dû aux rencontres et aux événements de la vie. 

Quand on est jeune, on n’a pas ou peu de conscience politique. On pense que tout est beau, tout est rose. C’était le cas pour moi, du fait certainement de mes origines sociales. Nous apprenons notre appartenance identitaire (être gay pour ma part) que bien plus tard. 

Diriez-vous donc qu’AIDES vous a construit sur ce volet ?

En tant que personne, oui. Elle m’a apporté une certaine compréhension des réalités et des communautés que j’ai pu représenter, soutenir : accès aux soins, droits à la santé, etc. 

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De même, grâce à d’autres expériences professionnelles ou plus personnelles, j’ai pu contribuer à l’évolution de l’association : communication sur nos actions et outils, collecte de fonds, prévention et sensibilisation. 

En tant que militant, le VIH a-t-il été l’unique cause dans laquelle vous vous êtes mobilisés ?

Oui. J’ai toujours été impliqué dans des collectifs liés à la santé sexuelle. Pour ça, AIDES et la lutte contre le VIH m’ont beaucoup appris humainement. Surtout quand on appartient à une des communautés qui a 500 fois plus de risques de contracter une IST, une hépatite ou le VIH. 

AIDES est donc le début de votre histoire avec l’engagement pour cette cause ? Racontez-moi !

Totalement, oui. Un jour, j’ai tout simplement poussé les portes de AIDES. Je me suis alors retrouvé avec des personnes avec qui j’avais peu de choses en commun : des usager.ère.s de drogues, des séropositif.ve.s de longue date, des travailleur.euse.s du sexe, des migrant.e.s, etc. 

Pendant près de trois heures, on a échangé sur plusieurs thématiques comme la gestion du risque, le plaisir sexuel, partagé nos expériences… qui nous ont finalement rapproché. Ce qui est, pour moi, extraordinaire ! 

L’association a donc été (et est encore aujourd’hui), à ce moment précis, le lieu de réunion d’individus de tous horizons…

Absolument ! Peu importe son métier, son origine, sa culture, AIDES accueille tout à chacun de manière inconditionnelle. C’est une véritable école du vivre ensemble, axée sur la démarche communautaire. 

Aujourd’hui, comme ancien président, êtes-vous satisfait de votre engagement ?

Oui. Pendant six ans, j’ai acquis beaucoup d’expérience en représentant le collectif autour de notre projet commun qu’est la lutte contre le VIH. C’est une fonction qui fait grandir, permet d’être diplomate, de réagir, de prendre des décisions rapidement, qui nécessite de la hauteur aussi et de parfois faire face à l’adversité. 

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A l’inverse, les associations et ses militant.e.s m’ont tellement apporté. Dans un premier temps, j’ai pu m’organiser, être plus efficace, gérer des crises et aller chercher d’autres types de financement. J’ai aussi appris à être patient, faire de la pédagogie et de l’accompagnement (prévention, etc.), communiquer, Tout cela m’a énormément servi dans ma vie professionnelle et personnelle. 

Allez-vous rester à AIDES comme militant ?

Bien sûr. Je ne me vois pas la quitter, elle fait partie de moi depuis 2010. Et puis, la lutte contre le VIH n’est pas terminée. On parle de 2030 sans sida car nous avons tous les outils à notre disposition pour empêcher toute nouvelle infection. Mais la route est longue et il faut encore et toujours nous faire entendre si on veut mettre le virus au tapis une bonne fois pour toute. 

Je suis assez inquiet aujourd’hui quand je vois la manière dont la pandémie de COVID a été gérée. On aurait pu penser que l’expérience de la gestion d’une épidémie comme celle du VIH et de la mobilisation des personnes concernées puisse être utilisée dans celle que nous traversons aujourd’hui. Il n’en a rien été… J’aurais tendance à penser que tout ce que nous avons acquis lors des dernières décennies peut être de fait remis en question ou mis de côté. Raison supplémentaire pour continuer à se mobiliser. 

Plus d’infos :

Retrouvez également l’interview avec Aurélien Beaucamp (AIDES) dans le nouveau numéro de Qweek disponible en ligne sur Calaméo, et dans les établissements partenaires à Paris.

Crédit photo principale : Strobo mag/Franck Desbordes

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