Christophe Madrolle : un artiste multifacettes

Jeune, talentueux, autodidacte, énigmatique, décomplexé et investi, voilà une partie des qualificatifs qui collent à la peau de ce jeune artiste, plus que gay, comme il nous l’expliquera. Nous...

Capture d’écran 2016-02-27 à 13.58.00Jeune, talentueux, autodidacte, énigmatique, décomplexé et investi, voilà une partie des qualificatifs qui collent à la peau de ce jeune artiste, plus que gay, comme il nous l’expliquera. Nous sommes tombés sous le charme de son envie de gravir les échelons de la notoriété, pour lui mais aussi pour défendre des causes qui lui sont chères ! Décryptage d’un garçon pétillant.

Bonjour Christophe, peux-tu éclairer nos lecteurs sur ton parcours ?

J’ai fait mes premières scènes dans un Opéra-Rock lorsque j’avais 15 ans. J’avais le rôle principal et pourtant, je ne suis pas issu d’une famille musicale. Mes parents n’avaient pas d’argent pour me payer une école artistique. J’ai commencé les cours de solfège et de chant au conservatoire de Châteauroux quelques années plus tard. Lorsque j’ai eu mon BAC S, j’ai quitté mon Berry natal pour la Touraine où j’étais inscrit à l’école de Jazz « Jazz à Tours » et où je chantais dans plusieurs groupes de gospel.

Cela m’a permis de partir régulièrement sur les routes et de construire, petit à petit, mon univers musical. Et puis un jour, je « suis monté » à Paris sur un coup de tête sans rien dans les poches. Cela fait un peu Madonna qui est arrivée à New York en 78 avec 35$ en poche (rire) mais c’est pourtant ce que j’ai fait. J’avais envie de nouveautés, de découvrir la capitale des artistes en travaillant sur des projets plus personnels. C’est alors que j’ai commencé à composer mes premiers titres et il en est sorti à l’époque mon premier album autoproduit « Grafitures » puis « Le point G » en 2011.

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Tu es principalement un artiste chanteur, comment définirais-tu ton style et quel morceau ou album représentatif nous conseilles-tu ?

J’ai cette chance de pouvoir toucher à beaucoup de choses et de pouvoir m’en inspirer. Ce qu’il y a de merveilleux avec la variété d’aujourd’hui, c’est que l’on peut composer une chanson en y ajoutant une influence : jazzy, pop et parfois même lyrique. J’aime mélanger les styles comme on mélange les couleurs. C’est peut-être aussi pour cette raison que CHANTEUR j’ai travaillé avec d’autres artistes sur les remix « Le point G » par exemple. C’est formidable de pouvoir retoucher ces titres avec d’autres talents. Cela permet d’enrichir cet univers en lui donnant une plus grande ouverture. Je suis curieux de nature, c’est ce qui me permet d’avancer. Un magazine a écrit dernièrement que j’étais « le fils caché de dame Mylène pour (mes) mots ambigus et de Christophe Willem pour la couleur de voix. » C’est une comparaison amusante dans la mesure où je suis extraverti dans mes créations et très pudique en privé. C’est un paradoxe que j’assume.

Ta personnalité atypique passe par la définition de ta sexualité non restrictive que tu définis comme pansexuel, explique nous cette position.

Alors que j’étais en pleine promo pour « Le point G » j’ai accepté d’écrire en 2012 une tribune sur la pansexualité dans Rue 89 – Le Nouvel Obs. Ce billet fut l’occasion pour moi d’exprimer une sensibilité qui m’étais personnelle et qui, finalement, a su toucher une partie des lecteurs. Sa définition simple est : « Une personne qui aime tous les genres : les hommes, les femmes et les transgenres. »

Capture d’écran 2016-02-27 à 14.01.28J’irai plus loin me concernant en faisant complè- tement abstraction de cette notion de «genre » pour laquelle j’ai peu d’attaches. C’est un mode de vie qui nous donne la liberté d’aimer n’importe qui en supprimant cette barrière que nous impose (encore) la société. J’ai donc fait le choix de retirer cette barrière. Pour moi, la pansexualité est aussi bien plus qu’une « étiquette » supplémentaire de sexualité, c’est une philosophie personnelle qui permet aussi de combattre le conditionnement fille/garçon et les multiples distinctions fondées sur le genre sans aucune pertinence autre que l’expression d’un dogme. Je pense notamment à la présentation des rayons dans un magasin de jouets (coté rose et coté bleu) ou à l’exercice de tant de mé- tiers qui semblent être réservés à un sexe plutôt qu’à l’autre. On ne s’en rend pas compte, mais ce conditionnement dès le plus jeune âge suscite parfois des réactions de mal-être et participe au suicide chez certains jeunes pour qui cette opposition des genres est incomprise ou mal vécue.

Tu es aussi une personne très engagée pour notre communauté entre autre pour Le Refuge, comment les aides-tu ?

Le Refuge est une association qui vient en aide à des jeunes victimes de LGBTphobie. Elle leur apporte un accompagnement et parfois un hébergement. C’est une association que je suis depuis plusieurs années car j’ai été touché par le témoignage de ces jeunes qui ont été mis à la porte de chez eux à cause de leur sexualité. En 2015, j’ai décidé de leur composer une chanson qui a été écrite par les jeunes de plusieurs délégations et qui s’appelle « Grandir en paix ».

Quelques semaines plus tard, nous avons réalisé avec l’aide du réalisateur Lucas Stoll le clip vidéo de ce titre qui a été vue plus de 10 000 fois en quelques semaines. Ce titre est d’ailleurs toujours en téléchargement légal, à savoir que l’intégralité des revenus de ce projet sont reversés au Refuge. Pour vous donner un ordre d’idée, si 500 lecteurs du magazine Qweek téléchargent ce titre, l’association pourra héberger et accompagner deux jeunes pendant un mois. Je suis conscient que l’on ne peut pas refaire le monde avec des chansons, mais elles ont cette particularité de passer partout et de laisser une trace.

Mon engagement envers la communauté LGBT se trouve aussi dans mes vidéos où j’essaye de banaliser les sexualités. C’est ce que j’ai voulu faire par exemple dans mon dernier clip « L’erreur » tourné avec l’artiste Tonya Loren. J’ai voulu raconter d’une façon très banale, l’histoire d’une rencontre entre deux personnes. L’occasion de mettre en avant la communauté transgenre qui est souvent malmenée. Et qui d’autre que Tonya, qui est à mes yeux une icône, pouvait incarner ce rôle ? Je suis très admiratif de cette femme.

Quelle est ton actualité pour ce début d’année 2016 ? Et peut-être un projet à plus long terme ?

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2016 s’annonce être une année chargée musicalement. M’inspirant de la chanteuse Fefe Dobson, je m’oriente vers une instrumentation Pop-Rock et prépare actuellement mon premier album studio. Je ne vais pas en révéler beaucoup plus, mais ce que je peux dire c’est qu’il y aura prochainement des projets très sympas autour de ça. Je travaille dur depuis plusieurs mois pour présenter quelque chose d’authentique et de nouveau.

Évidemment, je continuerai à défendre l’égalité pour tous et à combattre l’homophobie. Pour la simple et bonne raison qu’il y a encore aujourd’hui trop de discriminations et trop de violences. Comme le dit l’association Bi’Cause « L’amour est un droit ». Alors continuons à le défendre, restons unis les amis.

Où nos lecteurs peuvent-ils te rencontrer sur Paris, As-tu un ou deux lieux de prédilection ?

Je m’entraine régulièrement au Gym Louvre qui me réserve toujours un accueil formidable. Ce lieu fait maintenant partie intégrante du paysage LGBT parisien. Et si vous me cherchez à la terrasse d’un café dans le marais, je suis toujours à côté du radiateur. C’est mon coté frileux.

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